Pour aller plus loin avec la santé selon sainte Hildegarde, j’aurais pu écrire un premier article sur l’épeautre.
Mais j’ai préféré prendre date avec le thème de l’unité du corps et de l’âme qui me semble fondamental.
Hildegarde écrit que « si l’homme est petit par sa stature, il est grand par les énergies de son âme » (LOD, 2ème vision). Et plus loin, « les énergies de l’âme dépassent en puissance celles du corps… Le corps est entouré des énergies de l’âme qui s’étendent au monde entier » (LOD, 2ème vision).
Qu’est-ce donc que l’âme qui puisse avoir une si grande puissance ?
« L’âme, dont l’essence est vie, est un feu qui vit dans le corps, et le corps, c’est l’oeuvre réalisée » (LOD 4ème vision).
« L’âme apporte à l’homme l’énergie vitale de son corps et de ses sens » (Livre des Œuvres Divines, 5ème vision).
L’âme est donc un principe de vie qui anime le corps. Le corps ne peut pas vivre sans l’âme.
Sainte Hildegarde précise encore :
« L’âme dispose et ordonne par le mouvement de la raison toute l’œuvre humaine. En tant que sommet de l’homme, elle peut discerner dans le corps tout ce qu’il réclame et désire » (LOD 4ème vision 4).
« Ce sont les énergies de l’âme qui révèlent la science du bien et du mal » (LOD 3ème vision).
L’âme humaine a une spécificité propre qui distingue l'homme des animaux et des végétaux. Elle est dotée de raison qui lui permet de choisir ce qui est bien ou mal. Elle est le signe de la liberté humaine. Les animaux ont une intelligence instinctive. Les hommes ont une intelligence raisonnée.
Grâce à l’âme, nous avons un psychisme qui nous fait reconnaître qui nous sommes, qui nous rend capable d’aimer, de discerner et d’exercer notre volonté.
Pour les croyants, l’âme est aussi le lieu où l’on peut écouter et recevoir l’Esprit de Dieu qui la transforme.
L’âme n’est pas statique. Elle évolue. Elle participe à sa propre maturation en posant des choix.
Si l’âme est si puissante, peut-elle maîtriser le corps ?
« Le mouvement de l’âme raisonnable et l’action du corps, selon ses cinq sens, suivent un seul et même chemin, parce que l’âme ne meut pas le corps plus qu’il ne peut accomplir, et que le corps n’oeuvre que selon ce que l’âme met en mouvement » (LOD 4ème vision).
Bien que distincts, l’âme et le corps sont étroitement unis et inter-dépendants. L’âme est le principe de vie du corps, mais elle ne peut pas le dominer.
Imaginons que l’âme soit un architecte qui donne le plan de construction d’une maison. Imaginons que le corps soit le matériau de construction. Comment bâtir une maison si le plan d’information est défaillant ? Et si les matériaux sont de mauvaise qualité ?
Une âme malade peut fatiguer le corps. Mais un corps malade peut aussi alourdir l’âme. Combien de maladies psychiques pourraient être améliorées, voire résolues par une alimentation saine et naturelle, par le respect des rythmes biologiques, par une bonne hygiène de vie environnementale ?
C’est la raison pour laquelle nous sommes invités à prendre soin ET de notre âme ET de notre corps dans un juste équilibre.
Comment prendre soin de notre âme ?
En veillant à la bonne santé de notre vie psychique (émotionnelle, sociale, intellectuelle) et de notre vie spirituelle (pour les croyants), nous renforçons la force vitale de notre âme. Nous devenons de plus en en plus nous-mêmes, cet être intérieur profond qui nous fait dire « je ».
Quelque fois, nous délaissons notre âme, parce que nous nous préoccupons trop de notre corps ou parce que nous ne voulons pas lui prêter d’attention.
D’autres fois, nous nous occupons de notre âme, mais nous ne comprenons pas ses véritables besoins, ce qui engendre beaucoup de souffrance. Nous avons besoin d’un vis-à-vis pour sortir de certaines confusions : sentir la véritable émotion qui nous habite, trouver le sens de notre vie, guérir des blessures psychiques, discerner notre désir… Un piège existe pour certaines personnes croyantes : celui de penser que leur vie de prière va résoudre leurs difficultés psychiques et/ou corporelles. Ne confondons pas la vie spirituelle et la vie psychique. La prière peut miraculeusement opérer des guérisons psychiques. Mais la plupart du temps, pour agir, la Grâce sollicite une coopération et il est nécessaire d’ajuster notre vie psychique. Ne dit-on pas « aide toi et le Ciel t’aidera » ?
Dans tous les cas, le corps pâtit de la dysharmonie de l’âme. Parfois même, il en est le cri d’alarme.
L’unité intérieure est un chemin exigeant d’équilibre, mais elle est indispensable à notre bonheur.